dimanche 19 août 2012

EMBÂCLE, DÉBÂCLE

"Nous sommes embarqués"  Blaise Pascal

"On ne part pas"   Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, "Mauvais sang" ; "Adieu"







Me voici sur une plage armoricaine. Que les villes s'allument dans le soir. Ma journée est faite ; je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons ; les climats perdus me tanneront.





Au matin j'avais le regard si perdu et la contenance si morte, que ceux j'ai rencontré ne m'ont peut-être pas vu  





Si Dieu m'accordait le calme céleste, aérien, la pr!ère - comme les anciens saints. - Les saints ! des forts ! les anachorètes, des artistes comme il n'en faut plus !


 Farce continuelle ! Mon innocence me ferait pleurer. La vie est la farce à mener par tous. 



Assez ! voici la punition. - En marche ! 

 Ah ! les poumons brûlent, les tempes grondent ! la nuit roule dans mes yeux, par ce soleil ! le coeur ... les membres ... 


Où va-t-on ? au combat ? Je suis faible ! les autres avancent. Les outils, les armes ... le temps !...



Feu ! feu sur moi ! Là ! ou je me rends. - Lâches ! - Je me tue ! Je me jette aux pieds des chevaux ! 





On ne part pas. - Reprenons les chemins d'ici, chargé de mon vice, le vice qui a poussé ses racines de souffrance à mon côté, dès l'âge de raison - qui monte au ciel, me bat, me renverse, me traîne.




Adieu
L'automne déjà ! Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons.
L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme tachée de feu et de boue. 

- Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs  surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Un belle gloire d'artiste et de conteur emportée ! 
Moi! moi qui me suit dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !



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